Publié le 4 Février 2024
Amis, Citoyens, Camarades,
Je vous transmets le salut fraternel de la fédération sarthoise de la Libre Pensée.
C’est un plaisir et un honneur, pour nous de participer à la commémoration de la première abolition de l’esclavage, aux côtés de nos amis, élus, associations ici présentes.
Commémorer René Levasseur et la première abolition de l’esclavage de 1794 ce n’est pas faire de l’Histoire pour l’Histoire, c’est une journée politique.
Demander l’installation, au Palais Bourbon, là où se réunit l’assemblée nationale, du buste de René Levasseur et du portrait de Jean Baptiste Belley, ce n’est pas faire de l’idolâtrie, c’est là aussi faire de la politique.
En nous réunissant aujourd’hui, en commémorant ces illustres personnalités de notre Histoire, nous affirmons publiquement et à la face du monde, que notre orientation tire ses racines de la Révolution Française, de la philosophie des Lumières, de la 1er république.
Nous affirmons qu’être républicains aujourd’hui, c’est s’inscrire dans la continuité de l’œuvre de la Révolution française.
Aujourd’hui, en France, ceux qui se font appeler l’arc Républicain, ont tourné le dos depuis bien longtemps à l’idéal républicain. Ils fétichisent ses symboles sans en comprendre la symbolique.
Ils se prétendent républicains tout en assassinant Marianne petit à petit. Ils n’assument pas le passé révolutionnaire de la France, ils en ont honte. Ils tirent leur inspiration dans le cléricalisme, le nationalisme et le militarisme… Sans aucune honte, ils citent et prennent pour exemple Napoléon, Maurras, ou Thiers… ils s’allient à l’extrême droite et votent des lois qui font honte à notre pays.
Ils chantent la Marseillaise, parlent à longueur de temps des valeurs républicaines sans être capable de les expliquer.
Ils parlent de liberté mais réduise chaque jour un peu plus nos libertés. Regardez ce qu’est devenu, par exemple la liberté d’expression, il nous est maintenant, pratiquement, interdit de dénoncer la politique d’un État qui viole chaque jour les droits de l’Homme. Et qu’est devenu la liberté de manifester quand on envoie les forces de l’ordre nasser, taper, gazer les manifestants même les plus jeunes ?
Ils parlent d’Egalité mais en détruisant les services publics et en favorisant toujours ceux qui ont déjà tout, ils organisent la ségrégation sociale et créent une France à deux vitesses. Ces gens confondent l’Egalité en droit et uniformisation. Ils parlent de méritocratie et d’ascenseur social, mais font tout pour maintenir et renforcer leurs privilèges.
Ils parlent de fraternité… A non, excusez-moi, ça on n’en parle plus.
Bien au contraire, ces pseudos républicains organisent sciemment, à l’extérieur de nos frontières, la mort de milliers de frères et sœurs qui cherchent à rejoindre l’Europe. Au sein même de nos frontières, ils créent des camps pour interner ces êtres humains, ils laissent crever à la rue les plus pauvres et poussent toujours un peu plus nos compatriotes les uns contre les autres à coup de discours xénophobes et de lois réactionnaires.
Ils nous saoulent de discours sur la laïcité, principe de concorde civile et de liberté de conscience, qu’ils cherchent à dévoyer pour rejeter une partie de nos concitoyens. Dans le même temps ils gavent l’enseignement privé catholique de milliards d’euros et le président assiste à des cérémonies religieuses es-qualité.
Amis, Citoyens, Camarades,
La première abolition de l’esclave de 1794, portée par Levasseur, a donné la nationalité française aux noirs dans les colonies.
La Révolution française a réintégré au sein de l’humanité des centaines de milliers d’humains réduits en esclavage après avoir été déportés en Amérique donnant vraiment son caractère universel à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
Par la même occasion, deux députés noirs sont entrés à l’assemblée nationale.
Tout cela, pour qu’aujourd’hui encore, des esprits réactionnaires et attardés affirment qu’être français, c’est être blanc et catholique !
L’Assemblée nationale a voté, le 26 août 1792, un décret conférant unilatéralement la citoyenneté française aux « hommes qui, par leurs écrits et par leur courage, ont servi la cause de la liberté et préparé l'affranchissement des peuples »4.
Quelle classe ! Quelle humanité ! Quel courage !
Tout cela pour qu’aujourd’hui, on assiste à ce triste débat sur l’immigration.
Les uns et les autres se déchirant pour savoir s’il faut soigner les malheureux qui n’ont pas la nationalité française ou s’il faut les laisser crever ! Avec tous ces racistes partout, on ne se sent plus chez nous !!!
Je pourrais continuer à avancer des mesures révolutionnaires dont on ferait bien de s’inspirer aujourd’hui mais le temps de parole m’oblige à une certaine discipline.
Camarades, concentrons-nous si vous le voulez bien sur nos institutions.
La 5e république n’est pas une république, je ne sais si elle l’a déjà été.
La plupart des forces qui s’en réclament, aujourd’hui, ne sont pas ou plus républicaines.
La Ve République est bonapartiste, antidémocratique, antisociale et antilaïque.
Cette « monarchie élective », reposant sur le recours à « l’homme providentiel », est très éloignée des principes fondateurs de la République.
On l’a vu l’année dernière dans le grand mouvement de résistance à l’injuste réforme des retraites. La Constitution de la 5e république permet tout un arsenal de dispositions anti-démocratiques qui permettent aux gouvernements de contourner les députés, représentants du peuple.
Chaque jour qui passe, chaque scandale, chaque violence de l’État policier, chaque mesure réactionnaire, chaque attaque contre le Contrat social arraché par des décennies de luttes ouvrières et syndicales, chaque fermeture de service public voient monter la colère d’un peuple opprimé, exploité, méprisé, subissant toujours plus la violence de l’État policier et l’embrigadement militarisé de la Jeunesse (avec le SNU et l’uniforme)
La solution pour en finir avec cette situation est de plus en plus claire pour tous : il faut balayer les Institutions de la Ve République. Rien de bon ne peut sortir d’institutions agonisantes et d’un personnel politique enferré chaque jour d’avantage dans les affaires et les scandales financiers.
Leur seul but, c’est de servir la finance, quoi qu’il nous en coute !
Le pays n’a pas besoin d’un réarmement ni militaire, ni civique ni démographique…il a besoin d’une régénération républicaine :
Pour répondre aux revendications du peuple. Il nous faut, comme le disait Lincoln « un gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ».
Il faut redonner la parole au peuple et renouer avec l’œuvre révolutionnaire et démocratique de nos ancêtres : mettre en œuvre une Assemblée Constituante souveraine dont le peuple décidera librement la forme et le contenu.
Il nous faut aussi célébrer la Révolution française, ses acteurs les plus progressistes et se pencher sur son héritage.
Célébrons et étudions par exemple la Constitution de 1793, la constitution la plus démocratique que le pays ait connue.
Elle prévoyait que si c’était l’Assemblée nationale qui faisait la loi, c’étaient les Assemblées de section des Citoyens qui l’approuvaient.
Elle se terminait par une nouvelle Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen qui proclamait :
• - Article 33
La résistance à l'oppression est la conséquence des autres Droits de l'homme.
• - Article 34
Il y a oppression contre le corps social lorsqu'un seul de ses membres est opprimé. Il y a oppression contre chaque membre lorsque le corps social est opprimé.
• - Article 35
Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.
Je vous remercie