Publié le 22 Janvier 2017
Le nouveau bulletin de la Libre Pensée de la Sarthe vient de sortir, voici l'édito.
Vous avez dit radicalisation ?
C’est un des termes revenu au devant de la scène depuis quelques années. Pour le Larousse il s’agit de l’action de se radicaliser, c’est-à-dire de rendre « un groupe, son action plus intransigeant, plus dur ». Pas un jour sans que les médias ne parlent de la dramatique radicalisation de jeunes d’ici ou d’ailleurs. Ceux-ci se radicalisent, bien souvent, sur les réseaux sociaux, en adoptant la vision du monde et les modes d’action de groupes islamistes, fanatiques et terroristes tels que Daesh.
Avec les attentats qui ont touchés la France, l’Allemagne ou encore l’Irak, ces radicalisés musulmans usent de la violence la plus abjecte pour répandre la terreur et imposer leurs croyances. Nous ne sommes pas dupes, nous combattons les dogmes de toutes les religions y compris de l’islam, pour autant, nous comprenons bien que ces fous de dieu ne représentent pas l’immense majorité des croyants et des musulmans.
Aussi, notre devoir est de combattre les atteintes aux libertés d’où qu’elles viennent, de quelque camps que ce soit mais aussi de comprendre la situation le plus clairement possible. Alors quand certains récupèrent cette radicalisation islamiste pour pointer du doigt tous les individus supposés ou réellement musulmans, nous ne nous laissons pas tromper. Cette grossière manœuvre, tout comme les attentats, vise à diviser les peuples en communautés « religieuses », « ethniques » et/ou « culturelles » et nous prépare une guerre des « civilisations » ; ce concept si cher à Huntington ou Zemmour.
Ceux qui usent et abusent de cette stigmatisation, qui s’érigent en défenseurs de l’occident chrétien face à l’envahisseur « arabo-musulman », ne sont ils pas eux aussi des radicalisés ?
N’y a-t-il de radicalisation que celle de ces jeunes prêts à tuer au nom de l’islam ? Certes la radicalisation de Zemmour et autres réactionnaires à la sauce « identité nationale » est moins spectaculaire et ne provoque pas encore de morts… encore que…
A voir ces radicalisés s’exprimer, à écouter ces « chantres » de la civilisation occidentale prôner des interventions militaires dans tous les coins du monde, n’est-on pas en droit de se demander si ce n’est pas le monde entier qui se radicalise ?
Les récentes élections en Autriche, aux USA, l’évolution de la situation en Russie ou en Turquie, les politiques menées contre les droits des femmes en Espagne ou en Pologne, les discours sécuritaires et de plus en plus xénophobes des candidats aux présidentielles en France, l’Etat d’urgence, l’assignation à résidence de militants écolos lors de la cop 21; la tentative d’interdire des manifestations en France… Tout cela ne constitue-t-il pas une forme de radicalisation généralisée ?
Plus le système capitaliste est incapable de satisfaire les besoins de l’humanité, plus il entraine les peuples dans des régressions, plus les élites ont besoin de modèles autoritaires et du secours des religions pour contrer les aspirations des peuples…
L’aggravation de la crise économique en 2008, a accéléré ce processus tant et si bien que dans de nombreux pays l’alternative électorale se résume à « peste ou choléra ». Il ne s’agit pas d’une simple lutte d’idées déconnectées de la réalité mais bien des conséquences concrètes de l’économie pourrissante. Les peuples ne veulent plus être sacrifiés sur l’autel du capital, les dominants ont de plus en plus de mal à contrôler les choses… Il leur faut durcir leur discours, museler la démocratie, contenir et diviser les peuples. Dans cette tache, ils peuvent compter sur les religions, facteurs de haine, de divisions et de résignation.
Pour notre part, nous avons choisi notre camp; nous sommes radicalement du côté des libertés individuelles et collectives. Nous sommes radicalement du côté des opprimés, du coté des défenseurs des droits de l’Homme, du côté du progrès social, de l’égalité des sexes, et de la défense et de la promotion, partout dans le monde, de la séparation entre les Etats et les religions.
La situation se contracte partout, les laïques et les démocrates doivent se rassembler ! C’est le sens de l’appel des laïques ! C’est aussi ce qui explique que nos effectifs progressent encore cette année. Que 2017 soit une année d’intense promotion de nos idées, que chaque libre penseur diffuse et discute de nos positions, que chacun d’entre nous aide les laïques, les démocrates et les progressistes à se rassembler dans toutes les luttes pour ne pas céder le moindre centimètre carré aux réactionnaires de tout poil.
Hansi Brémond