Abrogation de la LRU

Publié le 26 Décembre 2007

La loi relative aux Libertés et Responsabilités des Universités (loi LRU dite loi Pécresse) qui a été votée en catimini le 10 août 2007 pose les bases d’un basculement des principes mêmes sur lesquels est fondée l’Université, en introduisant une confusion entre Autonomie de l’Université, c’est-à-dire son indépendance vis-à-vis de tout pouvoir politique, économique, religieux ou idéologique, garante de l’indépendance des universitaires et autonomie des établissements synonyme de leur privatisation.
 

Ainsi, par cette loi, la création et la suppression d’Unités de Formation et de Recherche sur simple décision du Conseil d’Administration sans que le ministère ait son mot à dire, combiné au recrutement des personnels d’enseignements et de recherche par des comités ad hoc sous la responsabilité directe des présidents d’université en lieu et place des commissions de spécialistes disciplinaires élues par les personnels, est une brèche permettant la remise en cause du respect de la laïcité à l’Université.

 

Cette loi, en effet, constitue une violation de la laïcité de l’Enseignement supérieur fondée sur le monopole de la collation des grades des universités d’Etat telle qu’il fut rétabli par la loi du 18 mars 1880 (Paul BERT-Jules FERRY). Ainsi, ce nouveau dispositif législatif n’est pas incompatible avec la création d’enseignements prosélytes axés, par exemple, sur le rapprochement entre sciences et religions (créationnisme, astrologie, etc.) et il ouvre, tout particulièrement, la voie à la création d’UFR de théologie, comme cela est possible dans les départements concordataires, « enseignements » que la législation Ferry et la loi de 1905 avaient exclus de l’Université.

 

Le pouvoir exorbitant donné aux présidents d’Université en matière de recrutement des personnels (droit de veto, embauche de CDD en lieu et place de fonctionnaires, définition locale des tâches des enseignants-chercheurs), l’accroissement du poids des « personnalités extérieures » dans le Conseil d’administration (chefs d’entreprises, représentants des collectivités locales) au détriment des enseignants-chercheurs, des personnels Iatos et des étudiants sont des étapes majeures vers la remise en cause de la « totale liberté d’expression et d’autonomie pour les chercheurs dans le cadre de leur recherche » garantie par l’article 57 du code de l’éducation et qui est un des principes fondateurs de l’Université. Désormais, rien ne s’opposerait à ce qu’un chef d’entreprise devienne président d’université, ni à ce qu’un ecclésiastique soit recruté comme enseignant.

 

Cette loi consacrant l’autonomie financière des universités et donc la nécessité pour elle de rechercher des sources privées de financement pour suppléer au désengagement financier de l’état imposé par l’union - européenne pour tous les services publics, ne pourra qu’asservir les programmes d’enseignements et de recherche aux bailleurs de fonds. Nul doute qu’elle entraînera la fermeture massive de filières et de disciplines, voire de petites universités jugées non rentables. En témoigne le processus déjà engagé dans certaines universités comme à Nice où le nouveau budget prévoit la baisse de 76% des crédits de musicologie.

 

Cette loi engage une véritable dénationalisation de l’Université, ouvre la voie à sa privatisation et à l’augmentation des frais d’inscription des étudiants. Elle est la mise en œuvre du processus de Lisbonne visant à faire de « l’Union Européenne, l’économie la plus compétitive du monde » en asservissant l’Université à des critères de rentabilité économique au lieu de transmettre les connaissances et développer la Culture en vue de former des citoyens éclairés. Cette loi, qui annihile le principe d’évaluation par les pairs, consacre aussi des diplômes « maison », poursuivant la réforme LMD, qui nie toute égalité des droits des étudiants à avoir des enseignements à contenu national sanctionnés par des diplômes nationaux et reconnus dans les statuts et conventions collectives nationales.

 

La Libre Pensée rappelle avec Drew Gilpin Faust, première présidente de l’université d’Harvard, que « l’enseignement et la connaissance définissent ce qui, à travers les siècles, a fait de nous des humains et non pas ce qui peut améliorer notre compétitivité mondiale".

 

Considérant que la LRU :
- mine les bases du respect de la laïcité institutionnelle à l’Université en remettant en cause la législation de la troisième République qui est à l’origine du caractère démocratique des universités françaises,
- remet en cause les libertés académiques indispensables à la recherche scientifique,
- est contraire à l’égalité républicaine en matière d’enseignement supérieur,
- remet en cause l’Université comme institution de Civilisation,

La Fédération Nationale de la Libre Pensée exige l’abrogation de la LRU.

Paris le 20 décembre 2007

 

Rédigé par Libre Pensée 72

Publié dans #communiqués nationaux

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